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Les desperados de l'e-réputation

Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses.

EDIT du 11/03/2011 : L’article en question a été censuré par le Conseil Constitutionnel. Le reste de cet article est donc heureusement obsolète.

Internet, c’est le Far West. Dans ce monde sans foi ni loi, de dangereux desperados exercent leur activité : il s’agit des professionnels de l’e-réputation. C’est ce que laisse à penser un article du projet de loi LOPPSI 2…

Le projet de loi LOPPSI 2 (Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure), adopté le 8 février, contient un article bien surprenant :

Art. 33-12. – En vue de la sauvegarde de l’ordre public, en particulier de la sécurité économique de la Nation […], sont soumises au présent titre les activités privées de sécurité consistant dans la recherche et le traitement d’informations sur l’environnement économique, social, commercial, industriel ou financier d’une ou plusieurs personnes physiques ou morales, destinées soit à leur permettre de se protéger des risques pouvant menacer leur activité économique, leur patrimoine, leurs actifs immatériels ou leur réputation, soit à favoriser leur activité en influant sur l’évolution des affaires ou les décisions de personnes publiques ou privées. 

Dont acte. Pourtant, en tant que professionnels de la recherche et du traitement de l’information, dont les prestations visent à identifier les risques sur la réputation de nos clients et à favoriser leur activité, nous nous sentons forcément visés… Pourtant, il ne nous semble pas que notre activité nuise à l’ordre public, ni à la sécurité économique de la Nation.

Cependant, il nous faudra demander une autorisation pour exercer notre activité, délivrée par le ministre de l’intérieur. Dans le cas contraire, nous risquons des peines de trois ans d’emprisonnement et d’une poignée de dollars de 45 000 € d’amende… pour avoir fait notre travail, métier que nous exerçons depuis 2003 en toute transparence.

Même si ce contrôle aurait (peut-être…) pu permettre d’éviter certains aspects de l’affaire d’espionnage industriel chez Renault, il paraît totalement disproportionné lorsqu’il s’applique à nos métiers. Pire, il nous semble contre-productif en termes de création d’emplois et de sociétés. Notre secteur d’activité a encore beaucoup de chemin à parcourir pour se débarrasser de cette image de “barbouzes”…

Professionnels de l’e-réputation, de la veille et du Community Management, bandits de grand chemin, nous serions ravis d’avoir votre avis sur le sujet 😉

D’autres articles sur le sujet :


Ennio Morricone – The Good, The Bad And The Ugly by ennsbq



Aucun Commentaire à “Les desperados de l'e-réputation”

  1. PierreGPasquiou

    Comme pour la grande majorité des choses dans le monde pro la France est en retard.
    Le jour où nos politiques auront commencé leurs carrières par quelques années en entreprise nous auront peut être des politiques qui comprendront quelque chose à cet environnement économique.

    • Grégoire

      Effectivement… Je pense que du temps (lointain) de NKM, cela aurait eu moins de chances d’arriver. Elle semblait avoir une vraie culture Internet, et aurait pu sensibiliser les sénateurs à cet aspect du marché.

  2. Florian Klein

    Hello Gregoire,

    Comme d’hab’ très bon article.
    LOPPSI2 c’est un beau pot pourri, on en découvre tous les jours des belles avec elle!

    En fait je voulais juste te dire que tu as craqué avec la musique 🙂

    • Grégoire

      C’était pour l’ambiance, et le vendredi, c’est permis 😉

  3. François Zeller

    Le recours à des agréments est une bonne vieille pratique étatique pour conserver un œil sur les activités sensibles (associations, medico-social…).
    Peut être que la politique actuelle tend à mettre en place un système comparable à celui des agréments qualité du marché des services à la personne (autorisation d’exercice de type “a priori”). Le Conseil d’Etat fixera dans le détail les modalités d’application mais on apprend déjà dans le texte qu’une commission sera mise en place. Sans doute sera-t-elle constituée d’experts qui veilleront à la “qualité professionnelle” du travail fourni et au respect de “règles déontologiques”. Ce qui peut être un bon gage de sérieux pour des agences méritantes d’un certain côté… CQFD : comment désigner ces experts, comment ne pas entraver l’initiative économique sur le web et combien de temps (d’années) cela prendra-t-il pour qu’une telle commission soit efficiente ? Kafka n’est pas loin !

    • Grégoire

      L’agrément en lui-même ne nous fait pas peur, nous l’aurons sans doute. Si nous étions cyniques, nous serions contents de cet article de loi : finalement, ça limite la concurrence…
      Ce qui est vraiment dommage, c’est que ça limite la liberté d’entreprendre, sur un secteur que l’on ne peut pas qualifier de “sensible”.
      Bref, on verra bien !

      • François Zeller

        Parfaitement d’accord. Un internet à 2 vitesses est un non sens absolu. Le web peut être perçu comme un secteur “sensible” parce qu’il pourrait être une grosse rentrée d’argent pour financer les politiques publiques mais qu’il n’est pas docile… Aussi la circulation massive de données sans contrôle inquiète ceux qui cherchent à la réguler. Bref, on verra bien 😉

  4. Benoit Faverial

    La veille et l’E-Rep sont considerés comme de l’intelligence économique ? Ce n’est pas sur ça. Ça s’apparente plus à de la pige qu’à de l’intel éco, non ?